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Les Faces Cachées d'Une Flèche
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11 mai 2016

Quand la Nuit Devient Jour - Sophie Jomain

QuandLaNuitDevientJourCouv

  • Présentation de l'éditeur

"On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j’ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.
Ma faiblesse.
Le combat que je mène contre moi-même est sans fin, et personne n’est en mesure de m’aider. Dieu, la science, la médecine, même l’amour des miens a échoué. Ils m’ont perdue. Sans doute depuis le début.
J’ai vingt-neuf ans, je m’appelle Camille, je suis franco-belge, et je vais mourir dans trois mois.
Le 6 avril 2016.
Par euthanasie volontaire assistée"

  • Mon avis

Lorsque j’ai lu pour la 1ère fois le résumé du nouveau bébé de Sophie Jomain, j’étais partagée entre l’envie très forte de lire son roman et la peur de découvrir une histoire qui traite (en partie) d’un sujet qui m’a toujours touchée mais qui me fait plus mal depuis quelques mois après la perte d’un être très cher à mon cœur. Parce qu’un livre qui traite de la mort et surtout de l’euthanasie volontaire c’est un sujet très délicat et je n’étais pas sûre de réussir à aller jusqu’au bout alors que tout le monde disait qu’il était magnifique. Et il faut dire que la couverture est tellement jolie que résister est très dur.  Mais au final, l’envie a surpassé la peur et je me suis plongée dans ce roman beau et dont le sujet est traité avec une certaine délicatesse qui fait qu’on ne plonge pas non plus dans la dépression.

Ce roman raconte l’histoire de Camille, 29 ans, qui depuis toute petite ne se supporte pas, surtout son corps. Soit trop maigre, soit trop grosse à son goût selon les phases, elle est dans une spirale infernale et n’arrive pas à se sortir de cette dépression qui la tue à petit feu. Un jour elle décide qu’elle ne peut plus continuer ainsi et que seule la mort pourra lui apporter la paix. Elle demande donc l’euthanasie volontaire assistée en Belgique et sa demande est acceptée. On lui suit dans les dernières semaines de sa vie, lorsqu’elle intègre un centre qui lui permettra de passer ses derniers instants sur terre dans le calme et de mettre en ordre ses affaires. Et jamais elle n’aurait pensé que le Peters, le psychiatre qu’elle doit voir régulièrement, lui ferait ressentir des émotions qu’elle n’avait jamais connue avant.

Cette histoire est émotionnellement très prenante. Sans m’identifier à Camille j’ai eu beaucoup d’empathie pour elle car son mal être est très profond. Sa façon de se voir m’a fait mal au cœur et j’étais tellement bien plongée dans ses pensée et ses émotions que je n’avais qu’une envie c’est qu’elle arrête de souffrir parce que personne ne mérite d’être aussi malheureux. J’ai eu beaucoup de peine pour elle et en lisant le prologue j’avais peur que son mal être soi très étouffant après, mais ce qui est dingue c’est que le livre prend une tournure plus légère quand sa demande d’euthanasie est acceptée. L’idée de mourir la rend heureuse, ou du moins elle est bien plus sereine ce qui est assez déroutant mais compréhensible en même temps. Finalement la lecture était plus légère que je ne le pensais et ce n’est pas plus mal, du coup j’ai pu découvrir cette histoire calmement et aller jusqu’au bout tout en ressentant tout un tas d’émotion face à ce que vit Camille est son évolution vers sa mort.

Camille est un doux personnage que j’ai apprécié découvrir. Elle est simple, adorable et on s’attache vite à elle. On déteste le monde qui l’a fait souffrir, on a envie de secouer ses parents pour leur dire d’ouvrir les yeux et on aime tout ceux qui ne la brusquent pas et la soutiennent, dont le Dr Peeters qui est extrêmement attachant. J’ai adoré ce personnage et ce qu’il a apporté à Camille. Ses émotions sont chamboulées grâce à lui et elle aperçoit un bout du bonheur qu’elle pourrait connaître avec lui, mais en même temps c’est délicat puisqu’elle est toujours déterminée à mourir. J’avais l’impression d’être entre les deux. J’avais envie de dire à Camille « ouvre-toi à lui », mais aussi de dire à Peeters « éloigne- toi, tu risques de souffrir ». Leur relation commence très doucement mais ca monte crescendo tout en restant quand même subtil. Je ne sais pas comment vraiment l’expliquer mais j’ai trouvé ca vraiment bien mené.

Ce roman m’a aussi fait beaucoup réfléchir. Cela n’a pas chamboulé mes convictions sur le sujet de l’euthanasie mais en même temps je ne pouvais m’empêcher de comprendre la décision de Camille. Elle était vraiment au plus bas et je ne voyais pas comment elle pourrait aller mieux. Mais ça m’a fait beaucoup réfléchir sur la douleur et l’aide de la mort dans tout ca. Comme je l’ai dit plus haut j’ai perdu un être très cher récemment, et je l’ai vu aller au plus bas et souffrir jour après jour. Ce n’était pas le même genre de maladie, mais j’ai vu cette personne ce dégrader et je n’avais qu’une envie c’est que l’on abrège ses souffrances. Quand on aime une personne on a envie de l’avoir à nos côtés pour toujours, mais quand on la voit souffrir autant on se dit qu’une vie de douleur n’est pas une vie et qu’il vaut mieux la laisser partir. C’est dur pour nous, mais on sait que la personne qui souffre n’ira que mieux. J’ai beaucoup pensé à ça pendant  cette lecture, car à mon niveau je l’avais vu de mes yeux et ressenti également ce qui fait que j’ai été extrêmement touché par cette lecture. J’ai beaucoup pensé aussi à ce que pensait une personne qui sait qu’elle va mourir. Camille l’a souhaité et on y voit une paix intérieure après cette décision. Elle n’a pas du tout peur ce qui montre sa grande maturité car accepter de mourir ce n’est pas rien, et Camille n’en est que plus admirable.

Par contre, le petit bémol  c’est la fin. Chacun ses goûts mais les fins ouvertes ce n’est vraiment pas mon truc car je ressors de ma lecture frustrée. On devine à peu près, mais ça reste de la spéculation et surtout j’avais envie de savoir ce qui allait se passer après ! J’étais vraiment frustrée et c’est dommage parce que c’est ce qui fait que ce n’est pas un coup de cœur.

Quand la nuit devient jour est un très beau roman qui traite d’un sujet délicat avec beaucoup de finesse et la plume légère et agréable de Sophie Jomain fait que l’on n’est pas étouffé par la douleur, ce dont j’avais peur en commençant ma lecture. C’est une histoire qui m’a marquée et touchée et dont je vous conseille de lire car cela change de d’habitudes Je ne dirais pas que c’est une lecture qui fait du bien mais c’est un roman qui mérite d’être lu car il a un truc en plus.

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